Elles y avaient leurs habitudes, elles vont devoir en changer. Depuis quelques semaines, les deux grosses chorales amateurs de Nouméa ne peuvent plus répéter au Conservatoire. La faute à un manque de place, dit le Conservatoire. Les chorales en perdent leurs voix.
Vingt-cinq ans d’existence pour l’une, quinze pour l’autre… Les Alizés et Amadeus sont les chorales historiques de Nouméa. Depuis des années, elles répétaient à l’Ecole territoriale de musique (ETM), devenue Conservatoire. Mais voilà, l’institution publique a décidé de créer un chœur, « une exigence du ministère » de la Culture, selon Jean-Pierre Cabée, directeur du Conservatoire.
« J’ai donc proposé aux Alizés de les absorber, pour qu’ils deviennent le Chœur du Conservatoire, raconte le directeur. C’était une magnifique proposition mais ils ont refusé. » Explication de Serge Chaubet, responsable des Alizées : « On ne voulait pas devenir des élèves du Conservatoire et disparaître en tant qu’association. » Et,, du coup, « on nous a demandé de partir ». Une quarantaine de voix ont été recrutées pour constituer le Chœur du Conservatoire… dont certaines des Alizés. Un groupe dirigé par Plamen Tzonches, ancien chef du Chœur des Armées Bulgares et « seule personne qui ait un niveau professionnel de direction de chœur en Nouvelle-Calédonie », d’après Jean-Pierre Cabée. Les répétitions ont déjà commencé.
Quant à Amadeus, « j’ai proposé de les loger ailleurs », dit le directeur du Conservatoire. Le son de cloche diffère lorsqu’il vient de la chorale même : « On n’a été prévenus que le 14 février, au moment où on essayait de recruter. On était abasourdis, on n’a pas eu d’explications… Mi-février, l’ancien chef s’est donc mis à la recherche d’un nouveau local. »
Bref, les deux chorales n’ont plus droit de cité au Conservatoire, même si « les trois concerts de l’année d’Amadeus se font toujours » à cet endroit, précise Jean-Pierre Cabée, qui insiste aussi sur le fait que « le Conservatoire soutient depuis toujours les chorales amateurs ».
Un retour en 2010 ?
« On ne comprend pas, puisque le nouveau chœur répète le mercredi, nous le mardi et Les Alizés le lundi », peut-on entendre dans les rangs d’Amadeus. « On n’a plus de place parce qu’il y a de plus en plus d’activités, la durée des cours a été allongée », se défend Jean-Pierre Cabée. En outre, « le gardien était obligé de travailler jusqu’à 23 heures ». Les Alizés, de leur côté, affirment avoir proposé, en vain, de payer les deux heures de gardiennage.
Bref, un micmac difficile à dénouer et le résultat est là : Amadeus répète maintenant dans la salle de Musique Station, en centre-ville. Mais, tient à préciser le directeur de l’établissement de l’Artillerie, « nous prenons en charge la location », ou plus exactement la différence entre le loyer actuel et celui, « modique », qui était payé pour la salle du Conservatoire.
Et maintenant ? Dans quelques semaines, Amadeus rejoindra Les Alizés, au collège de Saint-Joseph-de-Cluny, à l’Anse-Vata. Et « dès 2010, le Conservatoire comptera une aile de plus, détaille son directeur, il y aura donc un retour de place ». Les deux chorales en profiteront-elles ? Réponse évasive du directeur du Conservatoire : « Je ne sais pas comment va évoluer la chorale en Nouvelle-Calédonie. » Les voix d’hommes sont des denrées rares sur le territoire. Chez Amadeus, ce manque est devenu criant depuis que son ancien chef a créé une nouvelle chorale, où plusieurs membres l’ont suivi. Forte d’environ 25 membres, Amadeus cherche surtout quatre basses et quatre ténors.
Le thème de l’année pour cette chorale est : « Du rire aux larmes », un répertoire qui va de la Renaissance au XXe siècle. Un concert ponctuera l’année. Les responsables d’Amadeus insistent sur « la convivialité, le plaisir de chanter avant tout ». |
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